Quand le Canada prive l’Afrique de visas

Dans le dossier Ebola, le Canada vient malheureusement, de prendre une triste décision qui l’aligne sur les Etats américains les plus réactionnaires. Une étrange façon de soutenir Michaëlle Jean, la candidate canadienne au poste de secrétaire générale de l’Organisation International de la Francophonie, qui doit être attribué cette semaine

648x415_ancienne-gouverneure-generale-canada-actuelle-candidate-secretariat-general-organisation-internationale-francophonie-michaelleAu mépris des recommandations de l’OMS et des connaissances scientifiques, le ministère fédéral de l’immigration a annoncé, vendredi 31 octobre, que les services consulaires canadiens ne traiteront « aucune nouvelle demande de visa et ne poursuivront le traitement d’aucune demande de visa » en cours pour les personnes originaires des pays d’Afrique de l’Ouest déclarés touchés par l’épidémie de fièvre hémorragique par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus largement, « les étrangers qui se sont rendus dans un pays touché par l’Ebola », dans les trois mois précédant le dépôt de la demande de visa sont également inéligibles à sa délivrance.

Cet oukase décision incompréhensible sur le plan scientifique et sans autre fondement que des arrière-pensées électorales de la part d’un gouvernement en perte de vitesse à l’approche des élections générales, accroit encore plus la peur irrationnelle qui se manifeste déjà à l’encontre des ressortissants africains au Canada. Déja, une  Sénégalaise de Québec qui, certificat médical en mains prouvait qu’elle n’était pas atteinte par le virus, n’a pu réintégrer son travail après un voyage dans son pays.

L’Afrique stigmatisée…

Elle participe de la stigmatisation de l’Afrique tout entière, redoutée à juste titre par le FMI, alors même que sa présidente, Mme Christine Lagarde, déclarait le 11 octobre que « nous devons faire preuve d’une extrême prudence pour ne pas terroriser la planète vis-à-vis de l’Afrique dans son ensemble. Ce pseudo-cordon sanitaire n’est autre qu’un embargo économique et humain qui étranglera la sous-région, au moment où la Banque mondiale estime que l’épidémie pourrait coûter plus de 32 milliards de dollars à l’Afrique de l’Ouest d’ici la fin 2015.

Alors même que le Canada de Steven Harper prétend imposer le choix d’une de ses ressortissantes à la tête de la Francophonie, Michaëlle Jean, Ottawa fait montre d’un défaut de solidarité criant à l’égard de pays africains vulnérables qui attendaient de leur partenaire du Nord une autre attitude.