Maigre bilan pour l’aviation française en Irak

En neuf mois de présence dans le ciel irakien, les six Rafale et six Mirage 2000 français ont effectué 150 frappes, soit moins de 1,5 frappe par avion et par mois. Pour un coût annoncé de 130 millions par an

chammal-20150205Lancée en fanfare par François Hollande le 19 septembre 2014, l’opération Chammal, du nom d’un vent frais soufflant sur l’Irak et le Golfe Persique, affiche un bilan plutôt maigre. Les douze avions actuellement déployés n’ont réalisé que 150 frappes des 4000 effectuées par la coalition internationale menée par la Etats-Unis. La dernière et cent-cinquantième est l’oeuvre de deux Mirage 2000D sur trois positions de Daesh avec des bombes guidées laser. En mars et avril, grâce à la présence dans le Golfe Persique du porte-avion Charles de Gaulle, une vingtaine d’avions, qui effectuaient de dix à quinze sorties par jour, avaient été mobilisés. Depuis, le fleuron de l’aéronavale a rejoint d’autres eaux  pour participer à des manoeuvres avec l’Inde.  D’où ce constat: en neuf mois, les avions français ont fait beaucoup de bruit dans le ciel irakien pour un résultat militaire et politique dont on cherche aujourd’hui les bénéfices. Pourquoi un bilan aussi faible?

Hollande, bon élève de Washington

Les trois quart des sorties aériennes au dessus de l’Irak ne se terminent pas par des frappes, selon les  Américains, parce que les cibles sont mal identifiés, l’armée irakienne au sol ne fournissant pas toujours les informations nécessaires. De plus, les djihadistes de Daesh ont appris à se fondre dans la population, à ne pas effectuer de déplacements massifs facilement repérables du ciel. Enfin, les pilotes sont soumis à l’impératif de « zéro bavure », pour ne pas alimenter la propagande de l’Etat Islamique. On comprend ainsi pourquoi les bombardements sont inefficaces et n’arrêtent pas la progression de Daesh.

Ce qu’on comprend moins, ce sont les raisons qui ont amené la France à s’embarquer dans cette galère. En 2003, Chirac et son gouvernement s’étaient opposés à l’intervention américaine en Irak dont on connaît aujourd’hui  les résultats catastrophiques. Hollande, lui, a décidé d’envoyer plus d’avions que les Anglais, qui participent eux aussi à la coalition internationale, ce qui lui permet de revendiquer le titre de meilleur élève du maître américain au sein de l’Otan. Paradoxalement, il a refusé d’engager l’armée française au dessus de la Syrie, où sévit aussi Daesh, alors que des liens historiques très forts lient les deux pays. Pour ne pas donner l’impression qu’il volait au secours d’Assad, le dictateur syrien souvent présenté par la diplomatie française comme le grand Satan, pire que Daesh. « Nous aurions pu laisser seuls les Américains et les Britanniques, au motif qu’ils sont en partie responsables de la situation… », a lancé perfidement Henri Bentégeat, ancien chef d’état major de Chirac, invité en décembre dernier par les commission des Affaires Etrangères du Sénat. Le même général estimait aussi à l’époque que « l’opération Chammal répond à la menace certaine que constitue le califat, que ce soit pour protéger notre approvisionnement en énergie, à cause du développement des « combattants étrangers », comme les appelle Daesh, parmi lesquels figurent de nombreux Français, pour la protection des minorités, notamment des chrétiens d’Orient, ou généralement pour lutter contre la barbarie… »

Neuf mois après le début de l’engagement français en Irak, on ne peut pas soutenir sérieusement qu’un de ces objectifs aient été atteints. Mais l’essentiel n’est-il pas que, grâce à la surexposition des Rafale dans le ciel du Golfe Persique,  François Hollande apparaisse comme un excellent représentant de commerce, à défaut d’être un véritable