Le trafic d’armes à destination de la Libye s’intensifie

Les différents camps en présence en Libye sont désormais alimentés en armes par de très nombreux amis et "parrains". Au profit surtout des milices islamistes

Il y a des indices qui ne trompent pas. Il y a six mois, au marché noir, la balle de kalachnikov coûtait 10 centimes d’euros en Libye. Aujourd’hui, ce prix est passé à 3,50 euros la balle. Soit une hausse de 3 500 % ! La raison de cette inflation est simple : outre l’embargo sur les armes, la situation sécuritaire en Libye évolue. En plus de la guerre, meurtrière, entre les forces de Tripoli et de Misrata contre celles de Tobrouk, qui ont la reconnaissance de la communauté internationale, il faut maintenant ajouter la nécessité, impérieuse, de lutter contre Daech. En effet, le groupe terroriste accroît son emprise géographique et utilise la Libye comme base arrière, sans pour autant susciter l’adhésion des populations libyennes.

L’axe Tobrouk Sissi

Outre une hausse des prix des munitions sur le terrain, cette situation entraine une intensification des trafics d’armes à destination de la Libye qui, rappelons-le, se trouve aux portes de l’Europe. C’est dans ce contexte que, mardi, les autorités grecques, ont découvert une importante cargaison d’armes à bord d’un cargo battant pavillon bolivien. Etant parti de Turquie et faisant route vers la Libye, il ne fait guère de doutes que les armes étaient destinées à la coalition de milices islamistes Fajr al-Libya en guerre contre les autorités de Tobrouk. Si la Turquie soutient logistiquement les milices de Misrata, bras armé des autorités non reconnues de Tripoli, Tobrouk peut compter sur le soutient inconditionnel du maréchal égyptien Al-Sissi.

Autre illustration de ce trafic d’armes, vers le 20 août, un chalutier a accosté dans un port libyen situé à proximité de la ville de Benghazi pour y décharger des armes destinées aux milices islamistes de Misrata. Par contre, au début de l’été, des chalutiers en provenance de Turquie ont été bombardés par l’aviation de Tobrouk et ont préféré faire demi-tour plutôt que d’accoster en Libye.

De la perte en ligne

L’approvisionnement en armements et munitions semble logistiquement plus compliqué pour les forces de Tobrouk qui comptent dans leurs rangs des anciens fidèles du régime de Kadhafi. D’une part, il semble que d’importantes sommes d’argent qui auraient été débloquées afin de s’approvisionner en armements aient été détournées par des Libyens en exil. D’autre part, les imposants stocks d’armes que l’armée de Kadhafi cachait dans le désert — parfois dans d’imposants entrepôts souterrains — sont soit hors d’usage, soit tombés entre les mains de leurs ennemis de Misrata.

Ainsi, au courant de cette année, des milices de la coalition islamiste Fajr al-Libya ont découvert à côté de Tarouna une caserne bourrée d’armes de l’ancienne armée de Kadhafi. Mais ces armes étaient obsolètes et inutilisables.