Chroniques Palestiniennes (8) : Reconnaitre la Palestine, sans larmes ni pitié

Aujourd’hui l’association « Un œil pour la Palestine » rencontre du Consul général de France, l’une des dernières représentation occidentales en Palestine.

IMG_5173Le consulat de France en Palestine, l’une des dernières représentations internationales présente à Gaza avec l’ONU, réaffirme régulièrement l’engagement de Paris aux côtés des Palestiniens pour la reconnaissance d’un État. Ferme, le Consul insiste sur la nécessité d’accentuer la mobilisation de la société civile, et tient à rappeler que la France est parmi les derniers pays européens à travailler en zone C, sous contrôle d’Israël, dans le but de préserver la possibilité de bâtir un futur État palestinien sur un terrain viable. Sous contrôle d’Israël, cette zone recouvre en effet non seulement une grande partie des colonies juives mais aussi les sous-sols les plus fertiles. Autre revendication fréquemment invoquée, la réouverture de l’institut français culturel à Gaza, fermé après avoir été la cible de deux attentats. Enfin, un des nombreux axes de travail consiste à renforcer les coopérations entre les collectivités palestiniennes et françaises. Déjà, plusieurs dizaines de communes françaises ont établit des liens avec des villes ou des camps de réfugiés palestiniens.

Lifta, ville sacrifiée 

À notre sortie du consulat un ami palestinien, Obey, nous attend. Il tient à nous amener à Lifta, fief d’originie de ses grands-parents, pour nous raconter son histoire familiale. Ce village pittoresque situé à Jérusalem où vivait 40000 palestiniens, fait face au village de Deir Yassine, tristement connu pour avoir abrité le 9 avril 1948, un massacre tuant des dizaines de personnes. Un des drames qui a nourri la Nakba.

Malgré le temps écoulé, Les ruines et la beauté du paysage suggèrent que le village était prospère de par son agriculture, son système d’irrigation avancée et par ses constructions architecturales élaborées. Les milices sionistes, notamment de l’Irgun et du Haganah, ont expulsé les villageois et ont tout saccagé. Ils ont aussi pris soin de piller faïences et mosaïques et tout ce qui pouvait matérialiser la culture palestinienne. Ainsi les habitants de Lifta ont perdu plus qu’une terre, c’est un pan de leur identité qui leur a été arrachée. Dégradé par les colons qui déambulent toujours entre les ruines, sanctifié par ses anciens habitants qui n’ont pas perdu espoir d’y retourner un jour, le lieu dégage une émotion particulière, renforcé par la beauté du paysage.

Le village  a néanmoins été placé sous la protection de l’Unesco, mais il est considéré comme un village juif. Il était important pour Obey de nous faire partager son histoire. En partant, voici ce qu’il nous dit : « on n’a pas besoin de larmes ni de pitié, on a besoin que vous témoigniez et luttiez politiquement sans avoir peur d’être critiqué pour vos idées ».