Migrants subsahariens en Algérie : Le viol et la nausée

Pendant que des milliers de nigériens en situation irrégulière sont expulsés d'Algérie manu militari, dans les taudis d'Oran on peut violer une migrante et lui rappeler qu'elle n'a aucun droit.

« Les souffrances des migrants subsahariens en Algérie et particulièrement à Oran, sa capitale de l’ouest, sont aussi vives qu’avant la période, où le migrant était chassé comme un animal- arrêté et contrôlé à cause de sa couleur, humilié, dépossédé, emprisonné puis expulsé en vrac dans des camions à bétail vers le désert. », écrit Fouad Hassam, le chargé du dossier migration au sein du SNAPAP, syndicat autonome.

L’une des rares associations mobilisée autour des graves atteintes aux droits des migrants en Algérie et qui dans son dernier communiqué rapporte une histoire qui témoigne du sort réservé à nos voisins africain au pays de Frantz Fanon, en 2015.

Jeudi  1er octobre,  Marie Simone D., 33 ans, camerounaise, rentre chez elle, il est 23 heures, dans son quartier Cola, à Oran, un quartier entre bidonvilles et constructions anarchiques, quand « menacée d’une arme à feu pointée sur la tête, d’un couteau et d’un chien de race Rottweiler ou pitbull, elle a été emmenée au-delà du parking et tabassée à coups de poings sur le visage et après, violée par au moins sept personnes de nationalité algérienne. » Alerté par des voisins, son mari vient à son secours. « A moitié morte », il l’emmène en taxi aux urgences de l’hôpital d’Oran. Il est 1h 30 du matin, les services d’urgence «  refusent son hospitalisation. », refusent de délivrer à la victime un certificat médical et enfin refusent d’effectuer les prélèvements pour « la constitution de preuves » des violences subies. Le lendemain personne n’entend la détresse de ce couple qui fait le tour des hôpitaux d’Oran dans une immense solitude, aux urgences, à la maternité de CHU, à la clinique du Front de mer et enfin à la clinique de Santal, soient quatre services de santé. Le couple refuse de se laisser écraser par ce sidérant mépris et décide de déposer plainte à la gendarmerie nationale, « exactement auprès de la Brigade territorialement compétente de Yahhmoracen. » Nous sommes vendredi, jour de prière : « Le gradé de la Brigade, en professionnel prend tout le temps pour écouter les malheurs de la femme migrante. », avant de demander : «Avez-vous les papiers ? Le mari dit non, juste une carte consulaire, et la victime, lui répond négativement. Le Gendarme pose alors une seconde question : «êtes-vous musulmans ou chrétiens ? ». Les deux répondent : « nous sommes des chrétiens ». Le gendarme clos la discussion par : « vous n’avez pas de papiers, vous partez ou bien, c’est la cellule». Voilà comment est accueillie une migrante violée et son mari dans les institutions algériennes. Interdite de soins, interdite de déposer une plainte après une violence inouïe. Ni le personnel de santé, ni le gendarme en service ne seront jugé pour non assistance à personne en danger. Quand à ses agresseurs, au nombre de sept, ils pourront continuer à se jeter sur le corps d’une femme noire sur leur parking, sous les fenêtres de leurs mères, de leurs sœurs, de leurs filles et de leurs femmes qui savent déjà qu’il n’y a pas de justice pour les faibles en Algérie.

Un pays où les migrants n’existent pas, rendus invisibles par des politiques gouvernementales racistes, la honte cachée de l’Algérie qui se pose en puissance régionale grande organisatrice de rencontres fraternelles sur le continent africain en se comportant comme les pires blancs d’Afrique du Sud. Sans papier, aucun droit ne leurs sont reconnus, ni le droit à la sécurité, ni le droit à la santé, ni le droit à la dignité, ni même pas le droit à la scolarité pour leurs enfants, nombreux à être nés en Algérie.

Les violences physiques, les violences institutionnelles subies sont pires que celles rêvées par l’extrême droite européenne. Entassées dans les quartiers les plus sordides du pays, les moins dotés, ce sont les plus démunis des algériens, eux-mêmes en bataille pour leur survie, qui portent ce supplément de misère entre détresse sexuelle et détresse économique, une cohabitation explosive, entraînant dans cette jungle toutes les formes de violences, aggravée par le racisme. Le premier mot qu’apprend une migrante de la langue arabe c’est « kahloucha », sa couleur noire. Le pire des racismes parce qu’inconscient comme une évidence pratiquée par les commentaires de presse, la justice, la police, les personnels de santé à quelques exceptions près… Comment s’étonner que des personnels de santé refusent de soigner des migrants quand c’est au Croissant Rouge Algérien qu’est confié la mission de police de reconduire les migrants nigériens dans leur pays ? « Il ne s’agit pas d’expulsion, c’est à la demande du Niger », se défend Madame Benhabiles avec bonne conscience, sans même se rendre compte de l’énormité du propos pour une présidente d’une institution dites humanitaire dont les missions sont de « prévenir et alléger les souffrances des plus vulnérables sans distinction de race, de religion, de conditions sociales ou d’appartenance politique. »

« Nous avons, dit-elle, non sans fierté, rapatriés plus de 3000 nigériens, tous les enfants (ils seraient 900, NDR) ont été vaccinés et sont partis avec des carnets de vaccinations. Nous avons respectés les normes internationales en la matière. Nous avons offert un colis alimentaire de 71 kilos à chaque ressortissant rapatrié, en plus des médicaments. Nous sommes allés plus loin en lançant un appel à tous nos partenaires internationaux pour financer des micros projets…) » Et, le travail continue, arrêté en été pour raison climatico-humaniatire, il est reparti de plus belle avec l’arrivée de l’automne et de l’hiver, de belles saisons pour balancer entre Sahara et Sahel, dans l’un des pays le plus pauvre au monde, entre misère et terrorisme , des milliers de personnes, en tranche, « à la demande de leur gouvernement », comme si ce gouvernement incapable d’assurer leur survie avait droit de vie et de mort sur ses ressortissants, on les alourdit de 71 kilos chacun,  en espérant que les micros crédit suivront et pour les enfants un joli carnet de vaccination en souvenir d’un pays qui laisse une des leur mère se faire violer par sept algériens sans la soigner, ni même lui reconnaître le droit de se plaindre. Madame Benhabiles aurait-elle un vaccin dans ses ambitions humanitaires contre la nausée ?